les belles histoires du monde fabuleux de la librairie…

quelques nouvelles de nos amis Amazon/BNA (bibliothèque numérique d’agglomération de Clermont-Ferrand)

une réunion entre responsables de la BNA et libraires clermontois avait pu avoir lieu le 18 mars; les choses y avaient été redites et, à l’issue de cette réunion, on nous assurait que le site du réseau des médiathèques de Clermont Communauté allait être « nettoyé » des liens actifs Amazon qui truffaient les notices bibliographiques

wait and see

la semaine dernière, réception d’un courrier officiel de l’adjoint à la Culture de la Ville de Clermont-Ferrand m’informant que les services concernés avaient procédé au « nettoyage » du site de la BNA (retrait des liens Amazon et consorts, mention du nom de l’éditeur dans les notices bibliographiques là où, auparavant, figurait, on ne sait pourquoi, en lieu et place de l’éditeur le nom de l’imprimeur)

wait and see

aujourd’hui, après avoir effectué quelques recherches sur le site de la BNA, constat : les liens Amazon sont bien toujours présents et actifs  dès qu’on clique :

  1. sur l’image de la couverture du livre sur lequel porte la recherche = renvoi immédiat sur le panier d’achat en ligne
  2. sur l’icône « liens » figurant sous l’image de la couverture (désormais, Amazon apparaît en tête de cette liste de liens…)

les éditeurs ont, en revanche, retrouvé la place qui est la leur

sans transition, une vraie belle histoire

samedi 6 avril, nous recevions Jean-Philippe Toussaint grâce au « lien actif » d’un de nos clients, Alexandre Rochon qui, devant travailler en compagnie de Toussaint à Clermont-Ferrand ce jour-là (composition de la musique du prochain film de Toussaint), était venu me proposer de recevoir l’auteur à la librairie

la rencontre a lieu; beaux moments d’échanges riches et denses; public nombreux et attentif

à l’issue de la rencontre, au moment de ranger la librairie, je constate qu’il nous « manque » plusieurs exemplaires de deux titres de Toussaint

évidemment, on peste, et on peste royalement; on décide de s’organiser différemment lors de la prochaine rencontre et on entame l’après-midi le cœur quelque peu amer

vers 17 heures, une petite mamie se présente à la librairie, dans un grand état de confusion et nous explique qu’elle était présente à la rencontre le matin, qu’elle a fait dédicacer deux exemplaires par l’auteur et que, de retour chez elle, elle avait constaté qu’elle avait oublié de nous les régler…

2 heures plus tard, un homme se présente à la librairie et nous explique, confus, qu’il était présent à la rencontre le matin, qu’il a fait dédicacer plusieurs exemplaires par l’auteur et que, de retour chez lui, il avait constaté qu’il avait oublié de nous les régler…

on entame la soirée le cœur ensoleillé et on se félicite d’une clientèle en lien actif avec sa librairie

« Si un livre et une tête se heurtent et que cela sonne creux, le son provient-il toujours du livre? » (Georg Christoph Lichtenberg)


coup de gueule (suite)

à la lecture des commentaires publiés sur le blog en réponse à mon « coup de gueule » de lundi soir, quelques mises au point :

 

  • qu’un service public de réseau de médiathèques soit un relais vers des sites marchands Internet, quels qu’ils soient, indépendants ou fonds de pension, est inadmissible – où est l’obligation de neutralité ?
  • Soyons plus clair : il est inacceptable que, en cliquant sur le logo Amazon qui figure sur l’image de la couverture d’un ouvrage référencé dans le catalogue de la BNA, l’usager se retrouve automatiquement « rabattu » sur la page de vente dudit ouvrage proposé par Amazon
  • Inacceptable : il ne s’agit pas « seulement » d’une publicité « passive »mais d’un relais « actif » et exclusif d’un site de service public vers un site marchand

 

après navigation hier sur les sites des réseaux de lecture publique de Rennes, Toulouse, Limoges, Bordeaux : sauf erreur, aucun de ces catalogues ne présente dans sa base de référencement bibliographique de logo marchand quelconque et encore moins de redirections vers un site de vente ;

que l’on cite ses sources quand on reprend des données, c’est la moindre des choses

qu’un service public puise ces données dans d’autres bases que des bases de sites marchands, c’est aussi la moindre des choses

qu’une désaffection des médiathèques et des librairies ait lieu, personne ne le conteste ; je ne vois pas en quoi farcir un site de bibliothèque de logos avec renvois automatiques vers des sites de vente va inciter le public à revenir en médiathèque

n’en déplaise à certains, les libraires indépendants ne sont pas restés tous à l’âge de pierre et ne tournent pas le dos au monde dans lequel ils vivent, ils en sont des acteurs économiques et culturels locaux à part entière

les libraires indépendants ne vivent pas dans le monde des bisounours, ni uniquement d’amour et d’eau fraîche : ce sont bien des chefs d’entreprise et des commerçants ; qui ont donc l’obligation de faire entrer l’argent dans leur tiroir caisse pour faire vivre leur entreprise et régler leurs charges diverses (le fisc français réclame toujours à Amazon 198 millions d’euros)

si les bibliothécaires ont pour mission, entre autres, d’enclencher un acte de lecture, les libraires ont pour mission d’enclencher et un acte de lecture et un acte de vente

non, on ne trouve pas des piles de 50 nuances de grey dans chaque librairie indépendante mais ce serait une erreur professionnelle de ne pas le proposer à la vente

oui, on y trouve ce qu’on appelle un « fonds », une bibliodiversité certaine et de nombreuses rencontres d’auteurs ; encore faut-il venir en librairie pour s’en rendre compte

oui, tenir une librairie indépendante est un « combat ordinaire »


coup de gueule

L’info m’avait été donnée par une cliente courant décembre.

Elle était si énorme, cette info (pas la cliente), qu’il fallait prendre le temps non pas de la digérer mais de la vérifier.

Aujourd’hui donc, entre deux règlements de charges sociales (et oui, le 15 du mois approche dangereusement), j’ai donc pris le temps d’aller faire un petit tour sur le réseau arverno-clermontois.

Après quelques clics et déclics, il m’a fallu me rendre à l’évidence : l’info non seulement était exacte mais était vraiment énorme.

À vous de juger.

Sur le nouveau site de la BNA (bibliothèque numérique de l’agglomération clermontoise), piloté par Clermont Communauté, après avoir fait une recherche de titre dans le catalogue en ligne et trouvé la fiche du livre recherché, vous serez attiré irrésistiblement par deux petits logos, l’un plus familier que l’autre :

— le premier, celui de la librairie Dialogues (très grosse librairie indépendante de… Brest et alentours) ; on apprend ainsi que le résumé (du livre) que l’on est en train de lire à l’écran est rédigé par… le site de vente en ligne de la librairie Dialogues, site vers lequel «l’usager » des médiathèques de Clermont Co est orienté s’il veut voir la fiche complète de l’ouvrage ;

— le second, beaucoup plus familier, celui… d’Amazon ; le logo figure sur l’image de la couverture du livre dans la fiche détaillée et « l’usager », s’il clique sur le logo, est dirigé automatiquement sur la fiche du livre du site de vente en ligne.

Les deux sites marchands cohabitent donc paisiblement sur le site de cette fabuleuse BNA.

D’aucuns disent que je, que nous, libraires indépendants, vraiment, mais vraiment, nous exagérons toujours, que nous faisons systématiquement un plat de tout.

Comment comprendre que les responsables de la lecture publique du bassin clermontois aient pris de telles initiatives ?

Comment comprendre que des équipements culturels qui doivent remplir des missions de service public et qui ont, par définition, un devoir de neutralité soient des relais vers des sites marchands, dont un à qui le fisc français réclame 198 millions d’euros ?

Dans quel cadre juridique ces publicités s’inscrivent-elles ?

Comment désormais accepter d’écouter les discours de défense de la librairie indépendante par des responsables clermontois de la lecture publique sans, au mieux, leur rire au nez ?

à bon entendeur

une libraire en colère