rencontre avec Rosa Montero : jeudi 28 mars 2013

la rencontre avec Rosa Montero aura lieu à la librairie à 18h30 jeudi 28 mars (voir ci-dessous)

vous pouvez également rencontrer l’auteur à 16 heures, au siège du journal La Montagne; pour cela, il vous faut vous inscrire en ligne sur le site du journal : http://www.lamontagne.fr, rubrique « jeux »

Montero 28 mars 2013


tir groupé de bonnes lectures

histoire de réchauffer l’air pendant ces temps neigeux et froids, voici de nombreuses pages à tourner frénétiquement

larmes sous la pluieVoici un texte qui m’a totalement piégée.

Il y est question d’aliens, de réplicants, de conflits armés entre divers Etats de la Terre, le tout dans un futur situé en 2109.

A priori, un univers romanesque vers lequel j’ai plutôt du mal, habituellement, à aller y mettre les yeux.

Rosa Montero a pourtant réussi à m’embarquer.

Ces 400 pages relèvent aussi bien du polar, que du thriller et du conte philosophique.

Bruna Husky, une réplicante de type « combat » mène une enquête sur les morts violentes d’autres réplicants. Comme tout réplicant, elle sait que son cycle vital est limité à 35 ans, son compte à rebours a donc commencé. Et comme tout réplicant, lui a été implanté un jeu complet de mémoire (de sa supposée enfance, d’un passé imaginaire) : il a en effet été constaté que l’intégration sociale entre les humains et les réplicants était grandement facilitée si les réplicants disposaient d’un passé…

« […] nous sommes ce dont nous nous souvenons […]. »  Une fois la mémoire installée dans ce techno-humain qu’est le réplicant, elle ne peut en aucune cas être modifiée — sauf à enfreindre la Loi…

Montero rend ici un bel hommage à Philipp K. Dick.  Et, une fois le livre refermé, comme une nécessité : revoir Blade runner, l’adaptation cinématographique que fit Ridley Scott de la nouvelle de Dick « Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques? » et guetter les « larmes sous la pluie ».

Rosa MONTERO, Des larmes sous la pluie, trad. de l’espagnol par Myriam CHIROUSSE. Métailié, 2013. 402p. 21€

à vos agendas : nous recevrons Rosa Montero à la librairie jeudi 28 mars, à 18h30

Esquisse pendu

Paris, 1372. Charles V, dit Charles le Sage, fait appeler Raoulet d’Orléans, copiste royal et écrivain stationnaire, à la fauconnerie tout juste libérée de ses faucons par Charles V qui y a installé sur les trois étages la librairie royale.

Raoulet, grand gaillard de 143 kg, au poil roux et aux paluches impressionnantes, tient un atelier de copistes rue Boutebrie dans le Ve arrondissement. Son épouse, Dame Maroise, veille au bon déroulement des heures de travail dans l’atelier. Les codex à copier sont évidemment des bibles et une bible demande deux ans de travail de copie…

Quand Charles V fait appeler Raoulet, celui-ci est en pleine neurasthénie biblique; et il rêve d’écrits profanes.

Le roman s’ouvre sur une longue scène d’exposition du gibet de Montfaucon, esquisse d’un pendu oblige.

La phrase de Jullien nous plonge radicalement dans ce Paris médiéval et dans le monde des codex qui préfigure celui de l’imprimerie — et celui de l’hypertexte informatique avec lequel l’auteur s’amuse à créer quelques résonances.  Point ici de rebondissements à la Umberto Eco; le texte se déroule longuement et amplement, en prenant son temps — et le lecteur aussi, avec jubilation.

Michel JULLIEN, Esquisse d’un pendu. Verdier, 2013. 186p. 16 €

fin d'un jour ennuyeux

Le grand retour de Giorgio Pellegrini, le parfait salaud de Arrivederci amore (Métailié, 2003)!

Massimo Carlotto avait construit là le formidable portrait d’un homme qui, traître à toutes les causes, essayait par tous les moyens criminels de se racheter une place au soleil dans une société du nord-est de l’Italie corrompue jusqu’à l’os.

Dans A la fin d’un jour ennuyeux, nous retrouvons donc Giorgio Pellegrini, marié, propriétaire d’un restaurant fréquenté par tous les notables et politiques de ce coin de Vénétie toujours aussi corrompue — la place au soleil enfin gagnée.

Quelques soucis avec un placement financier et Pellegrini verra débarquer illico dans son restaurant des membres de la mafia calabraise, la ‘Ndrangheta, obscurcissant quelque peu son horizon. Il n’aura d’autres solutions que de remettre le pied à l’étrier et de pratiquer de haute volée ce qu’il nomme le « crime créatif » — très créatif…

L’art de Carlotto consiste, une fois de plus, à renverser la donne : réussir à créer une certaine empathie avec un personnage qui, sans aucune conscience morale, politique, éthique, ne devrait évidemment pas le mériter — plutôt déstabilisant pour le lecteur, mais quel plaisir!

Massimo CARLOTTO, A la fin d’un jour ennuyeux, trad. de l’italien par Serge QUADRUPPANI. Métailié, 2013. 192p. 18€

servante catcheur48 heures sous pression, à San Salvador, sous la coupe des militaires alors que l’insurrection monte.

48 heures au cours desquelles Maria Elena, la servante, vieille femme de ménage, va parcourir la ville en tout sens pour retrouver le Viking, ancien catcheur reconverti en flic et tortionnaire dans les unités spéciales du régime militaire. Elle ne l’a pas vu depuis des années mais lui seul pourrait l’aider à retrouver un jeune couple enlevé par une patrouille des escadrons de la mort.

Horacio Castellanos Moya installe inexorablement et avec brio le chaos et fait de cette vieille servante une poignante mère Courage, témoin involontaire du pire.

Estomacs sensibles, s’abstenir.

« On ne sait pas quand la mort arrive […]. Ou, comme on dit : chaque porc doit y passer un jour. Je me revois, là-bas couché dans ma chambre, sans savoir que derrière vous viendrait ma mort. Et je ne dis pas que c’est de votre faute. »

Horacio CASTELLANOS MOYA, La Servante et le catcheur, trad. de l’espagnol par René SOLIS. Métailié, 2013. 236p. 18€