« les jours de la peur », loriano macchiavelli

le polar du moment!

Saluons l’heureux pari éditorial des épatantes éditions du Chemin de Fer : créer une nouvelle collection consacrée à des romans noirs, «Train de nuit».

Et le premier wagon de ce long train de nuit est occupé en première classe par l’italien Loriano Macchiavelli. Si cet auteur était, jusqu’à présent, inconnu du lectorat français, il est une star en Italie grâce à son personnage Sarti Antonio créé il y a cinquante ans ! Ce sergent de police affecté à Bologne est l’antihéros par définition : point de gros muscles ici, plutôt un corps qui se délite, un supérieur qui l’humilie, une arme de service toujours dans la boîte à gants de la voiture et une consommation de cigarette à faire hurler un pneumologue.

Les Jours de la peur est la première enquête de notre sergent. Un attentat à la bombe vient de faire sauter le centre de transmission de l’armée. Nous sommes à Bologne, dans les années Soixante-dix – le contexte est donc politique, le roman sera donc noir, le personnage tenace, la corruption encore plus.

Macchiavelli a la langue vive, le style rythmé, l’humour surgissant au coin d’une phrase. Il s’amuse avec son personnage, intervient dans ses pensées, le laisse mariner et nous le dit. Que Sarti se débrouille aussi un peut tout seul, on ne peut pas tout faire à sa place quand même !

La traduction de Laurent Lombard est un régal.

Sautez dans ce «train de nuit» sans attendre !

Loriano MACCHIAVELLI, Les Jours de la peur, trad. de l’italien par Laurent Lombard. Le Chemin de Fer, «Train de nuit», 2024.


« bois-aux-renards », antoine chainas

le roman noir de la semaine !

Une forêt de moyenne montagne oubliée des hommes, des hameaux abandonnés, des vestiges de route ne figurant sur aucune carte routière : bienvenue à Bois-aux-Renards !

Dans ce bois, vont s’y perdre un couple de tueurs en série et une jeune adolescente témoin malgré elle d’un de leurs crimes.

Dans ce bois, vont s’y croiser le couple de tueurs et une communauté humaine. Celle-ci est constituée de femmes, d’hommes et d’enfants vivant à l’écart de Dieu et du reste de l’humanité.

Dans ce bois, vivent une étrange vieille femme et… des renards.

Entrer dans l’univers d’Antoine Chainas, c’est pénétrer au fin fond de la forêt, s’approcher au plus près des forces telluriques en jeu, ouvrir un vieux recueil de contes et légendes.

Par un style narratif ample, faisant alterner avec adresse les divers narrateurs, Chainas nous entraîne dans un monde inquiétant où les frontières entre l’humain et l’inhumain disparaissent par l’enchantement sauvage du lieu.

Rendant ici, à sa manière, hommage à Davis Grubb et à sa Nuit du chasseur, Chainas, fort habilement, nous emmène au fil de ces 514 pages dans un espace hors du temps : signe d’un excellent roman !

«Le monde n’existe que parce qu’on en parle

Antoine CHAINAS, Bois-aux-Renards. Gallimard, «La Noire», 2023.